vendredi 24 août 2012

étape 14 : BENEVENT L'ABBAYE - BILLANGES - 28 km

dimanche 6 mai 2012


  Ah ! une étape pas comme les autres.  Certes, ça monte et ça descend - 1 000 m de dénivelés cumulés - mais on est en Creuse. Certes, les averses se succèdent toute la matinée, mais on est en Creuse. Non, ce qui fait la spécificité de l'étape, ce sont ces trois particularités : aujourd'hui, deuxième tour des élections présidentielles en France, chambre d'hôtes chez une artiste très sympathique dans ce qui a dû être une vieille ferme passée à côté de tous les programmes de rénovation du 20 ème siècle et enfin la présence de cinq "pèlerins" marseillais. Tout un poème ceux-là ! je vous raconte :

  A raison d'une bonne centaine de kilomètres par an depuis quelques années, ils pérégrinent tranquillement. Il faut dire qu'ils s'accompagnent de deux véhicules - pour les bagages de la semaine - que ces dames vont chercher et déplacent pendant que ces messieurs profitent d'un repos bien mérité. Le lendemain, après un petit-déjeuner durant lequel l'un d'eux fera changer sa tasse pour une plus grande car il n'a pas l'habitude de boire son café dans une si petite, je les quitterai alors qu'ils viennent de se lancer dans la préparation de la poichichade pour le repas de midi.

  C'est à proprement parler du tourisme, de plus non écolo, recouvert d'un léger vernis de chemin dont on pourra légèrement s'enorgueillir au retour. Entendons-nous bien, leur randonnée est respectable et plutôt comique mais c'est l'appellation qu'ils lui donnent qui est critiquable.

  De même que faire une promenade digestive un dimanche après-midi, mains dans les poches, sur une portion de GR ne confère pas au quidam le titre de randonneur, se balader sans bagage quelques jours par an sur le chemin ne fait pas le pèlerin, même en arborant une breloque en forme de coquille saint-jacques. Il ne me parait pas souhaitable de galvauder ce terme, synonyme d'une démarche se situant aux antipodes de la promenade.

  Le pèlerinage s'inscrit dans une façon de se comporter et d'agir, dans une quête, qu'elle soit religieuse, spirituelle ou humaine. Elle relève de l'ambition au long cours et ne peut s'inscrire que dans la durée. Il faut lâcher prise sur la vitesse, le confort, se confronter à sa propre finitude pour, après deux à trois semaines de cheminement, aborder les choses autrement et s'ouvrir au monde environnant.

  Tout l'enjeu ultérieur sera alors de transférer un maximum des acquis dans ce milieu protégé, un peu hors du temps, vers la vie réelle, désespérément quotidienne. La confrontation des deux au retour génère d'ailleurs souvent un mal-être, un spleen persistant plusieurs semaines.


nb : cliquer sur les images pour les agrandir











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