les joies et les regrets

  C'est bien connu, les soucis s'oublient et les petits bonheurs restent.

  Ce chemin m'a apporté beaucoup de joies, pas de celles vives, intenses, qui se consument rapidement, mais plutôt de celles qui s'inscrivent en profondeur et accompagnent le pèlerin bien au-delà de la durée du pèlerinage.

  La plus grande pour moi fut la liberté, l'autonomie appliquée à toutes les décisions prises dans la journée, encore plus dès lors que je me suis affranchi des étapes proposées par les guides.

  Il y eut aussi la beauté essentielle des paysages, fruit de la nature et du travail des gens avec une mention toute particulière pour les paysans insuffisamment reconnus. Je n'oublie pas non plus la magie des rencontres avec les animaux sauvages, du plus petit au plus gros.

  Il y eut également les petits matins et le régal que j'éprouvais à m'éveiller au rythme de la terre, accompagné par le chant des oiseaux.

  Il y eut bien sûr les rencontres et les moments de partage. Peu m'importait la quantité mais la qualité des échanges fortuits donnait corps parfois à la maxime populaire disant qu'il n'y a pas de hasard.

  Il y eut enfin quelques moments incroyables que je baptisais "don du ciel" en bon athée que je suis. Je pensais  au Saint-Jacques des croyants et je remerciais la Providence. Mélange étonnant de culture, d'éducation, de croyance et de raisonnement.


  Avec le recul, des regrets sont apparus aussi, pas en raison du chemin mais de mes limites. J'avais appris quelques règles de grammaire et de conjugaison pour étoffer un vocabulaire espagnol embryonnaire mais c'était bien insuffisant pour discuter. Les échanges se sont résumés à de l'alimentaire.

  Les rencontres avec les autres pèlerins ont parfois été riches et toujours trop brèves. Et par manque d'habitude ou de clairvoyance, j'ai omis de demander leur adresse à ceux que j'aurais souhaité revoir après le pèlerinage.

  Un dernier regret lié au caractère cosmopolite du chemin est celui du regroupement par nationalité dès qu'un nombre suffisant de locuteurs est atteint, très fréquent en Espagne. On trouve là une bonne occasion de maudire l'enseignement des langues en France. Les Anglais n'avaient aucun effort à produire et les Hollandais étaient à l'aise en toute circonstance. Les Français d'un certain âge étaient vite hors du coup.



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