les chemins

  Historiquement, le chemin prenait sa source devant la porte du pèlerin. C'est encore vrai de nos jours même si cette tradition est mieux respectée des habitants du nord de l'Europe.

  On peut aussi partir d'un lieu symbolique pour soi ou d'un endroit pratique pour la majorité d'un groupe de pèlerins voyageant ensemble. Plus que le choix du point de départ, c'est bien l'acte de départ qui revêt de l'importance.

  Puis, après une sorte de parcours de ralliement, les pèlerins cheminant en France rejoignent l'une des quatre grandes voies que sont :
  - la via Turonensis (ou voie de Tours) qui draine Paris, la façade atlantique et les européens du nord ;
  - la via Lemovicensis (ou voie de Vézelay) fréquentée par le reste des nordistes et les européens du nord-est (Pologne, etc...)
  - la via Podensis (ou voie historique - voie du Puy-en-Velay) très usitée par les Français et rassemblant les européens de l'est ;
  - la via Tolosana (ou voie d'Arles) intéressant les méditerranéens.

  Les trois premières voies se rejoignent à Ostabat juste avant Saint-Jean-Pied-de-Port, la dernière aboutit au col du Somport. Puis vient le franchissement des Pyrénées.

Côté espagnol plusieurs voies existent également :
  - le camino francés (voie venant de France par le col de Roncevaux) le plus fréquenté, la voie royale, directe vers l'ouest jusqu'à Santiago ;
  - le camino del Norte (voie longeant l'Atlantique au nord de l'Espagne) plus difficile et sauvage ;
l  - le camino Mozarabe (via de la Plata) venant de Séville ;
  - le camino del Levante reliant Valence à la via de la Plata par la Castille.

  Enfin, au Portugal, un chemin existe aussi passant par Fatima :
  - la via Lusitana (ou chemin portugais).

  Il est bien évident qu'entre la grande époque de la création du pèlerinage au 10 ème siècle jusqu'à son déclin progressif au 15 ème siècle, suivi de sa renaissance dans les années 70-80, le paysage et le tracé des routes a quelque peu changé. De plus, à l'époque médiévale, la cartographie avait encore quelques progrès à accomplir et le GPS n'était pas la priorité du moment. En fait, on se déplaçait en allant d'une abbaye à un monastère, d'une église à une basilique, d'un hospice géré par des religieux à un havre où se pratiquait la charité.

  Celle-ci trouvait souvent sa contre-partie sous la forme d'un temps de travail à accomplir pour le bénéfice de l'hospitalier. C'est ainsi que l'on vit fleurir un peu partout des reliques, réelles, inventées voire volées, prétextes à détourner le pèlerin du chemin le plus direct ; une sorte de contrat moral gagnant-gagnant.

  Cette pratique connait des survivances à travers des bouts de chemin qui tentent de percer de nos jours encore. Religion, commerce et renom des cités ont toujours fait bon ménage dans un bon esprit d'intérêt bien compris.

  On comprend donc bien qu'il est illusoire de se lancer sur le chemin en caressant le rêve de poser ses pas dans les empreintes laissées par les pèlerins de la grande époque. En fait, on poursuit un but identique, on suit un itinéraire commun mais le chemin concret s'est adapté aux contraintes et aux évolutions comme ce fut le cas sans doute tout au long du Moyen-Age.

  Tout le talent des nombreux bénévoles participant à la relance des parcours et à leur balisage consiste à faire au mieux pour que le pèlerin vive une expérience dans la nature et le calme, ingrédients nécessaires au cheminement mental, au détriment des routes plus directes qu'empruntaient probablement nos prédécesseurs avant qu'on ait inventé les voitures. Qu'ils en soient remerciés car ils contribuent ainsi au maintien de l'esprit du chemin.










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