les moyens

  On peut faire le chemin à pied (recommandé), à vélo, à cheval ou en voiture (déconseillé). On peut être assisté de son âne, de son chien, d'une voiture ou d'un chariot.

  Tous les moyens utilisés par le pèlerin sont acceptables dès lors qu'ils servent l'esprit du pèlerinage, réclamant un certain effort, une ambition de dépassement de soi, une quête spirituelle, la recherche d'une certaine authenticité... Sinon, il s'agit plutôt d'une jolie randonnée sur des chemins mythiques.

  Le parcours à pied, le plus respectueux de la tradition, impose le port d'un sac à dos toujours trop lourd mais également signe de reconnaissance entre pèlerins. Qu'on l'aborde dans l'effort ou au rythme de la balade, la marche favorise l’introspection et n'est porteuse d'aucune contrainte lorsqu'on s'arrête. On pose le sac et on souffle. Elle se paie souvent d'ampoules et de mal aux épaules, parfois de tendinite, mais à pour elle sa facilité de gestion et la modicité de son coût.

  Le voyage à vélo permet de diviser la durée du parcours par deux ou trois et évite le port du sac à dos. Il faut pour cela disposer d'un bon vélo tout terrain doté de suspension et de solides sacoches. Le poids de l'engin tout équipé en surprend plus d'un et il n'est pas ridicule d'envisager l'assistance électrique. Le souci sera alors de pouvoir recharger la batterie mais c'est faisable. En revanche, les étapes seront souvent différentes de celles suivies par les marcheurs. On fréquentera moins souvent les petits sous-bois en France et d'avantage les routes ce qui est particulièrement pénible par temps de pluie, copieusement arrosé par les voitures. Les amateurs de photographie perdront aussi une partie des arrêts spontanés que peuvent s'offrir les piétons. Un ancien pèlerin à pied converti au vélo pour un problème de santé m'a avoué qu'il trouvait le chemin beaucoup moins intéressant avec beaucoup trop de goudron.

  Le voyage en voiture, quant à lui, ne relève ni de la boutade ni de la provocation et se pratique de trois manières au moins. Bien sûr, il ne s'agit en aucune façon de suivre l’itinéraire confortablement installé avec la clim.
  La  première manière consiste à être accompagné d'un véhicule avec chauffeur pour le transport des bagages, voire pour dormir lorsqu'il s'agit d'un camping-car. Si cela résout les soucis d'hébergement, on a malheureusement l'impression de rentrer à la maison chaque soir et adieu à la variété des gîtes, aux rencontres que l'on y fait et à la fraternité des repas partagés.
  La deuxième conduit à emprunter un bus ou à faire de l'auto-stop pour raccourcir une étape ou en éviter une autre. C'est parfois bienvenu en cas de problème de santé ou pour rattraper un pèlerin plus avant ou encore sous la contrainte d'un billet de retour impératif. Mais est-ce bien raisonnable de prendre un véhicule pour s'affranchir d'un passage jugé peu intéressant ? A ce titre, ça devient très tendance de traverser la longue zone industrielle située à l'entrée nord de Burgos autrement qu'à pied. Certes, ce n'est pas joyeux mais il me semble que le pèlerinage n'est pas un projet touristique avec sites merveilleux et soleil garanti. Et puis, le coeur de Burgos et sa cathédrale vous font tout oublier en cinq minutes. Réconfort après l'effort.
  La dernière forme d'utilisation d'un véhicule se pratique surtout aux alentours de Saint-Jacques-de-Compostelle où de multiples opérateurs vous proposent de prendre en charge vos sacs (les retrouver en temps et en lieu n'est pas toujours évident) et vous-même parfois (bien tentant lorsqu'il pleut). On voit aussi des voitures déposant des "pèlerins", surtout espagnols, d'entrée de ville en entrée de ville pour recueillir les précieux tampons sur leur crédentiale sans fournir trop d'effort ni de temps. C'est assez ridicule car sans véritable intérêt même si certains attribuent une valeur au fait de pouvoir marquer sur leur CV qu'ils ont "fait Compostelle".

  Le voyage à cheval, lui, est très particulier et assez rare. Il réclame bien sûr des compétences de cavalier spécifiques à la randonnée mais aussi une attention rigoureuse aux besoins de l'animal (évitement des villes, nourriture, enclos, abri).Il s'adresse aux passionnés ayant déjà une certaine pratique de la randonnée car le voyage est aussi long qu'à pied et il ne faut pas s'imaginer régler ainsi le problème des bagages excédentaires, dont l'équipement du cheval, à moins de se déplacer à pied à côté de lui ou de disposer d'un percheron ! La préparation du pèlerinage demande des mois et d'excellents site sur Internet tels que "par monts et par vaux" délivrent des informations très intéressantes pour les passionnés ou les simples curieux.

  Le voyage avec un âne, pour sa part, vous évitera le port des bagages et vous créditera d'emblée d'un fort capital de sympathie auprès des habitants et surtout des enfants. Mais ne lui demandez pas en plus de vous porter, chacun sa part du chemin ! N'oubliez surtout pas qu'un âne n'est pas bête du tout, qu'il apprend très vite qui est le dominant du couple homme-bête (seul l'homme se berce parfois d'illusion), qu'il est têtu au-delà de l'imaginable et qu'il sait se venger de ce qui lui a déplu par de brusques ruades dangereuses. Ceci dit, quand on sait s'y prendre, on trouve en sa présence un compagnon de route très attachant dont les besoins spécifiques sont assez proches de ceux du cheval. Il faut aussi se souvenir que le braiment de l'animal en pleine nuit le fait diversement apprécié à proximité des auberges.

  Dernière solution pour pèleriner léger, utiliser un chariot. Mono-roue (plus passe-partout) ou bi-roue (plus stable naturellement), il est relié au pèlerin par un harnais. Le poids est ainsi essentiellement supporté par la ou les roues alors que le bassin sert à la traction. C'est la solution pour tous ceux qui ne peuvent porter de sac à dos mais elle se paie d'une perte de facilité de déplacement. D'autre part, on peut le trouver encombrant en ville, très gênant dans les escaliers et parfois rocambolesque dans les passages étroits du chemin ou dans les raidillons empierrés souvent rencontrés.



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