les enseignements et le retour

  On découvre, on redécouvre, on apprend beaucoup de choses pendant le chemin, sur soi d'abord, sur ses présomptions, sur ses ressources, sur sa vie, sur son rapport aux êtres et aux choses.

  La durée du pèlerinage permet d'ancrer certaines, d'autres seront oubliées car trop liées sans doute aux conditions si particulières de la vie de pèlerin voire à l'état de pèlerin.

  J'ai dépassé ma crainte des chiens et ça dure, j'ai changé ma relation aux autres mais c'est encore fragile. J'ai renforcé ma confiance en la Providence qui m'a assez bien servi jusque là. J'ai fait des rencontres formidables dont une semble vouloir perdurer.

  Mais j'ai surtout tirer de tout ça une vision radicalement améliorée des jours qui s'écoulent. Disons, pour singer les publicités qu'AVANT, je regrettais souvent qu'une contrariété vienne inexorablement gâcher une journée qui avait été bonne ; MAINTENANT, je recherche et trouve ce qui a été bénéfique dans la journée la plus mauvaise. Cette considération inversée du verre à moitié plein ou à moitié vide peut sembler puérile, en fait elle me paraît fondamentale pour se sentir bien dans une vie qui n'a rien d'un long fleuve tranquille. Cette belle chose quotidienne, je l'ai surnommée "ma pépite du jour" car il faut l'extraire de la gangue des non-événements et alors elle vient récompenser, voire illuminer la journée.

  Si j'applique cette philosophie aux informations déversées quotidiennement par la radio ou la télévision, ça pourrait donner ceci :
  - au lieu des seuls guerres, injustices et crimes relatés à chaque journal d'information - entraînant banalisation du mal, rejet de l'autre, repli sur soi, extrémisme - ajoutons des reportages sur la fraternité, les réussites, les belles actions, pour redonner l'envie, l'espérance et un peu de bonheur.
  - au lieu de reportage exclusivement à charge contre les banques, l'agroalimentaire, le réchauffement climatique - c'est indispensable de sensibiliser, certes - faisons les suivre systématiquement de ce qui va à l'encontre de ces pratiques, montrons que d'autres voies sont ouvertes avec succès.

  De manière plus globale, cessons de nous indigner uniquement, c'est déprimant et improductif, et martelons ce qui va bien en soulignant les perspectives ouvertes. Il faut se réenchanter la vie en France car je ne crois pas que les jeunes diplômés fuient à l'étranger uniquement pour des raisons fiscales. Retrouvons le goût du rêve et du désir d'entreprendre, ces deux ingrédients nécessaires pour se lancer sur le chemin de Compostelle et sur celui de la vie.


  Quant au retour, s'il s'accompagne d'un peu de fierté, il produit aussi assez souvent des difficultés de réinsertion. La perte rapide du rythme du pèlerin, de ses repères, le retour à une vie qu'on avait parfois fui, le souvenir des goûts puissants et tenaces de l'aventure et de la liberté sont autant de justifications au spleen du pèlerin.

  Curieusement, il frappe parfois plus fortement celui ou celle qui n'a pas accompli la totalité du trajet, comme un remord de ne pas être allé au bout de son rêve.

  Heureusement il y a une solution : REPARTIR



1 commentaire:

  1. Bonjour. J'ai fait le chemin cet été d'Orléans à Fisterra et je trouve très justes vos propos, conseils et retours. Merci à vous

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