lundi 10 septembre 2012

étape 43 : BURGOS - CASTROJERIZ - 37 km

lundi 4 juin 2012


 Dès la sortie rapide de Burgos, je me retrouve dans la Meseta, le grenier à blé de l'Espagne. Des champs à perte de vue mais dans le galbe mou du plateau avec des collines plus marquées en toile de fond. Ce n'est pas la Brie. Dans la lumière de ce début de matinée, la panoplie des verts-jaune est douce et apaisante. Il fait bon marcher. Plus loin, dans un champ dépourvu du moindre relief, j'aperçois un paquebot échoué en pleine verdure ; c'est un monticule allongé de pierres ramassées sur le terrain et rassemblées là comme pour rappeler combien l'agriculture dans ces régions doit au patient travail des hommes.

  Le manque de relief du chemin fait que j'avance bien et à midi je m'arrête à Hontanas, petit bourg de quelques dizaines d'habitants. Je m'installe à l'ombre d'une maison sur la place, il fait chaud, et je glisse ma topette de vin de la Rioja dans l'eau fraîche de la fontaine.

  L'étape se poursuit l'après-midi, passant par San Anton où la route s'insinue sous les arcades d'un monastère en ruine aux restes impressionnants.Un peu plus loin, au bout de la plaine, Castrojeriz attend le pèlerin sous la présence protectrice d'un ancien château wisigoth en cours de consolidation. On arrive au village par une longue route baignée de soleil dont la double haie d'arbres à l'horizon semble onduler dans l'air surchauffé par le bitume.

  Castrojeriz m'apparaît comme une synthèse des petites villes espagnoles. Deux très longues rues parallèles, désertes en ce début d'après-midi, plusieurs églises, des habitations en ruine sans aucune protection du public (beaux terrains de jeux potentiels pour les enfants) et, tout au bout, regroupement des commerces et des services. Deux villages pour le prix d'un ! Je jette mon dévolu sur le refuge municipal Esteban pour passer la nuit.



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dimanche 9 septembre 2012

étape 42 : VILLAFRANCA - BURGOS - 43 km


dimanche 3 juin 2012

  Les champs s'effacent pour laisser place à un relief varié. Le chemin ne flirte plus avec la nationale et même s'il pleut durant une heure le matin, je renoue avec le plaisir de marcher.

  Soudain, après avoir gravi une dernière barre caillouteuse jusqu'à 1 000 m, je découvre au loin, 100 m en contre-bas, Burgos. Burgos et sa zone industrielle de mauvaise réputation auprès des pèlerins en raison de sa longue traversée en pente douce sur cinq kilomètres désespérément rectilignes, en prélude à la ville. Comme nous sommes dimanche, la zone est désertique ce qui m'évite le bruit et la circulation des très nombreux camions. J'imagine sans peine ce que ça peut donner avec quatre voies de circulation plus deux contre-allées plus des stationnements.

  Au bout, brutalement, la ville et ses immeubles. Il faut encore marcher près d'une heure pour atteindre le centre ville et la cathédrale Santa Maria, chef-d'oeuvre de dentelle architecturale récemment restauré qui abrite les tombeaux du Cid et de Chimène, nobles ayant inspirés Corneille.

  Après mon arrivée vers 17 h au gîte municipal tout près de la cathédrale, dans un bâtiment de style renaissance et réhabilité à l'intérieur en contemporain, je prends le temps de m'installer (douche, lavage des affaires) et je sors, flânant autour de la cathédrale avant d'y pénétrer. Et là, à mon grand étonnement, je tombe sur une barrière avec gardien interdisant l'accès direct à la nef et aux fameux tombeaux. Il faut pour les voir ressortir et accéder par le côté moyennant quelques euros. En plus, interdiction de faire des photos. Je me dis que les marchands du temple ont gagné et investi la place mais devant tant de beautés offertes au regard, je cède et je ressors. Les visites se terminent à 20 h, il est 18 h 30, j'ai largement le temps de m'émerveiller. Sauf que...en arrivant devant les portes, je vois celles-ci gracieusement mais fermement être refermées par des hôtesses, la délivrance des billets prenant fin à 18 h 30 précisément. Çà, ce n'était pas écrit dans mon guide !

  Frustré, je me rabats sur la visite du centre ville qui étale parcs, jardins et beaux bâtiments le long du rio Arlanzón. Ici et là, au hasard des rues et des places, je croise des personnages en bronze grandeur nature dans des attitudes hyper-réalistes. Surprenant. Encore une ville dont la traversée en quelques petites heures me laisse un parfum de curiosité inassouvie.


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étape 41 : CIRINUELA - VILLAFRANCA - 42 km


samedi 2 juin 2012

  Cette première étape en Castille s'effectue dans un paysage toujours monotone : relief de plateau légèrement vallonné, des champs de blé à perte de vue, on entre dans le grenier de l'Espagne.

  Le chemin coule paisiblement le long de la nationale 120 ou sur de petites routes, rien de bien emballant.

  Ma pépite du jour : à la sortie de Santo Domingo de la Calzada, le passage à basse altitude au-dessus du pont de deux montgolfières qui viennent de s'envoler. 

  En fin d'après-midi, je reçois de bonnes nouvelles d'Agnieszka, la pèlerine de Torres del rio, et pour fêter ça je décide de m'octroyer une chambre à l'hôtel.


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étape 40 : NAVARRETE - CIRINUELA - 33 km


vendredi 1 juin 2012

  Parcours monotone à travers les vignobles et les blés. Le temps devient lourd dans l'après-midi et l'orage menace à mon arrivée à Ciriñuela. Le village est précédé d'une immense zone d'habitat, sans commerce ni équipement, développée artificiellement autour d'un golf. C'est un désert et, bien que les constructions soient récentes, on constate déjà une absence d'entretien et un début de dégradation des espaces publics (trottoirs, éclairage). De nombreuses habitations sont à vendre, conséquence de cette frénésie immobilière qui a tant touché l'Espagne avec la complicité de l'Europe (les acquéreurs et les fonds de développement), avant d'éclater dans la bulle que l'on sait.


  Au refuge de "Virgen de Guadeloupe", je rencontre Gilles, pèlerin de l'Oise, sur le chemin du retour, l'aller ne lui suffisant pas sans doute. Il pratique la réflexologie plantaire et me confie que pour lui le chemin est une forme de don : il marche en dédiant les étapes à des personnes de sa famille ou de sa connaissance. Une sorte de prière non tournée vers une demande de satisfaction personnelle mais vers l'allègement des souffrances du monde. A mon avis, il a de quoi s'occuper pour longtemps !

  Après un souper roboratif préparé par l'aubergiste, nous rejoignons nos dortoirs alors que l'orage éclate, dru, sévère. A peine couché, j'entends vers 21 h 30 des coups violents frappés à la porte d'entrée fermée à clé après le départ du propriétaire qui habite un peu plus loin. Je vais ouvrir et me retrouve face à deux pèlerins étrangers, ruisselant sous le reste de pluie. Ils s'étaient égarés, avaient été surpris par l'orage et n'avaient pas mangé. Tout bien considéré et malgré la consigne de ne pas ouvrir, je les fais entrer et j'averti le propriétaire qui viendra rapidement les installer et leur préparer une collation. C'était ma B.A. du jour.


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étape 39 : TORRES DEL RIO - NAVARRETE -33 km


jeudi 31 mai 2012



  Aujourd'hui, petit parcours au sein de la Rioja et de ses vignobles avec la traversée de Logroño en prime. Ville plutôt moderne, aux bâtiments élégants et aux larges avenues. Les espaces publics sont remplis de piétons, affairés ou déambulant. Je m'octroie une halte casse-croûte en terrasse d'un café-boulangerie-salon de thé, en plein centre ville, dans une ambiance toute méditerranéenne. D'immenses espaces verts intégrés au tissu urbain viennent tempérer une circulation automobile dense. J'ai bien envie de jouer au touriste quelques heures mais je dois y aller, le chemin m'appelle.

  En quittant Logroño, je me dirige vers le plan d'eau de la Grajera situé à cinq kilomètres, lieu de détente prisé des habitants de la ville. Pour cela j'emprunte une voie fréquentée exclusivement par les cyclistes et les piétons. Nous sommes en semaine mais quantité de gens sont là, promenant leur chien, marchant, courant. Décidément, les Espagnols semblent aimer la marche ; par culture ou par les conditions favorables météorologiques et urbaines ? A rapprocher des scandinaves et de leur pratique du vélo malgré le climat.

  A midi, je m'arrête au bord du plan d'eau dans l'une des aires aménagées pour le pique-nique, à l'ombre des arbres. Et là, surprise, des barbecues de belle taille, tout en briques, chauffent tranquillement sous les pins les repas des gens venus passer une partie de la journée. J'ai une confiance toute relative et je prends mon repas froid tout en observant d'un oeil discret le joli feu.

  Arrivé à Navarrete fatigué par manque de sommeil, je m'installe dans une auberge abritée sous les arcades. L'hospitalier français qui termine sa période de service demain décide de marquer le coup en réalisant une tournée de crêpes mémorable. Au bout des arcades, une placette et son café où je mange mes premiers tapas, puis l'église à l'époustouflant retable triple habillant entièrement le fond de la nef, du sol à la voûte. Jolie petite ville.


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étape 38 : LORCA - TORRES DEL RIO - 39 km


mercredi 30 mai 2012

  Nouveau départ à 6 h 30. En fait, depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, je me réveille chaque matin vers 5 h 30, bien reposé. Avant le grand départ, quand je m'informais sur les conditions du voyage, j'étais effaré d'apprendre que les pèlerins se levaient tôt, moi qui m'extraie du lit vers 8 h. En réalité, sur le chemin on se fatigue donc on se couche de bonne heure - 21 à 22 h - et on a récupéré en général vers 6 h. Ça présente l'avantage de marcher en dehors des heures chaudes.

  Encore la perspective d'une belle journée dans des paysages vallonnés pris dans la chaleur. Au passage, on se désaltère bien sûr à la fontaine à vin d'Irache, haut lieu de vignoble, mais outre (le terme s'imposait !) qu'on y arrive tôt, le débit du vin est très limité et il vaut mieux réserver la dégustation de cet excellent cru de la Rioja au repas du soir à l'albergue.  On peut aussi y boire de l'eau et remplir sa gourde. Voir en direct le passage des pèlerins sur ce site :http://www.irache.com/fuente-del-vino.php?idioma=2

  Après avoir franchi Los Arcos j'arrive à Torres del Rio, au refuge Casa Mari où je retrouve mon vieux camarade danois. Un groupe de jeunes Allemands a déjà conquis la place et je fais connaissance d'une charmante Polonaise, Agnieszka, ravie de pouvoir parler français. Longue discussion agréable, couché tardif, lumière de sécurité permettant de lire le journal, passage en revue des derniers évènements, bref, je ne dors toujours pas à 1 h 30 du matin. Demain sera difficile mais je suis heureux.

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