l'équipement (pèlerin à pied)

1 - le sac à dos

  A tout seigneur, tout honneur : commençons par le sac à dos. Acquérir si ce n'est déjà fait un sac à dos moderne. Ils sont légers (parfois moins d'un kilog), confortables, réglables en tout sens et pourvus de sangles, poches et filets. La capacité couramment utilisée va de 40 à 45 l.

   Un tel volume raisonnablement rempli représente une charge totale de 8 à 10 kg soit un rapport poids du sac/poids de l'individu situé dans une fourchette de 15 à 20 %, cette dernière valeur étant une limite à ne pas dépasser pour les personnes de gabarit et entraînement courants. Ne pas se fier aux sorties d'entraînement faites avant le départ car l'excédent de poids ne se fera sentir qu'au bout de plusieurs jours de marche répétée avec des conséquences sur le dos, les genoux et les chevilles. Pour réduire le poids transporté sur un itinéraire conduisant des frimas du nord de la France à la chaleur de la Meseta, on peut se faire expédier en poste restante à Saint-Jean-Pied-de-Port les affaires nécessaires pour l'Espagne (de l'autre côté de la frontière c'est nettement plus cher) et renvoyer chez soi celles devenues inutiles (pour ma part, j'ai gagné 1,5 kg). A noter que certains sacs s'ouvrant par le dessus, comme tous, s'ouvrent également par la face apparente lorsqu'ils sont poser à plat sur le sol, un peu comme une valise. Extrêmement pratique pour trouver sans problème ce qui est d'ordinaire caché au fond et qui, autrement, nécessite de vider tout le contenu.

2 - le duvet 

 Sur le haut du sac, on sangle en général le duvet. Les refuges étant chauffés et pourvus presque tout le temps de couvertures, inutiles de prendre un modèle -10 °C, lourd et encombrant, même si vous êtes frileux. En mi-saison, je n'ai utilisé que 3 fois mon duvet +10 °C et le reste du temps, l'équipement mis à disposition. En revanche, un sac à dodo en soie (très léger et doux) est très utile et s'est révélé suffisant à lui seul pour toutes les étapes du Camino Francés.

3 - la ceinture-banane 

 En complément du sac, la ceinture banane plus ou moins sophistiquée permet d'avoir à portée de main devant soi et en sécurité, papiers, argent,couteau suisse, appareil photo ou caméra, gourde, en-cas, guide (1 à 2 kg en plus mais pas sur le dos). Tout ce qui peut être nécessaire est toujours accessible sans devoir poser le sac et il y a un meilleur équilibre sur le corps. Une autre solution consiste à avoir deux sacs à dos plus petits, l'un derrière et l'autre devant. A l'usage c'est peu pratique et je pense qu'il vaut mieux se focaliser sur l'allègement d'un seul sac.

4 - Les chaussures

  Vaste sujet ! On trouve de tout sur le chemin, de la montagnarde aux tongs. Pour orienter son choix, songer qu'en France et en Espagne la quasi totalité du pèlerinage s'effectue sur du bitume et des sentiers. Quelques passages sont rocailleux mais ne relève pas de l'escalade. Toutefois, par temps de pluie, ils deviennent glissants. Utiliser des chaussures de marche modernes présente les avantages suivants : souplesse des matières utilisées, relative étanchéité à la pluie, respiration, solide liaison entre semelle et dessus de la chaussure, confort à la marche, semelle antidérapante. Lors d'un achat, essayer absolument avec les chaussettes qui seront utilisées mais inutile de prendre une pointure au-dessus en prévision d'un possible gonflement des pieds qui ne se produit pas si on marche raisonnablement. Par contre, cette pointure au-dessus fera que le pied glissera en permanence, entraînant fatigue et frottement, donc ampoules. De même, trop petit générera des ampoules à d'autres endroits. On peut aussi prendre un peu trop grand (préférable à trop petit) et compenser avec une semelle intérieure.

  Ensuite, chaussure haute ou basse ? La chaussure de randonnée haute protège les malléoles des chocs et des griffures mais ne tient pas le pied. Soyons réaliste, elle n'évitera pas l'entorse. Il faut alors passer à la chaussure de montagne, plus raide, plus lourde et retenant la chaleur, toutes conditions conduisant très vite aux ampoules sur les chemins chauds de l'Espagne. Si votre choix vous porte vers la randonnée haute, vérifiez au toucher que le tissu du doublage intérieur ne cache pas une couture au niveau des chevilles, indolore au début mais qui vous blessera la peau en moins d'une journée (vécu hors chemin). A vrai dire une large majorité de pèlerins vont en chaussures basses.

  Enfin, si les chaussures sont dites respirantes, elles savent aussi être inondées par pluie persistante mais elles ont trois qualités dues à l'absence de cuir : elles ne se déforment pas, les soudures et les coutures tiennent et on peut les sécher près du feu ou sur le radiateur (pas de fendillement de la matière) et ça, c'est important.

  Elles n'ont pas besoin non plus de se faire à nos pieds en raison des matières utilisées (comme pour les voitures le rodage n'est plus nécessaire, sauf celui des pieds !). Les miennes, modèle de base à moins de 70 € présentent des traces superficielles d'usure sous la semelle, en bout ainsi que sur la semelle intérieure après 2 000 km mais sont comme neuves pour tout le reste : aspect, forme, coutures, lacets. Les mauvaises langues y décèlent même un supplément : l'odeur ! mais ce sont de mauvaises langues...

 Une alternative quand il fait chaud, l'usage de sandales de qualité avec semelles synthétiques antidérapantes. Les pieds sont aérés et si les ampoules sont donc moins à craindre, porter cependant attention aux gerçures par déshydratation sur les chemins poussiéreux (remèdes : baumes, chaussettes de randonnées).

5 - les bâtons

  Les bâtons sont pour certains un complément indispensable pour rythmer la marche ou servir d'appui. En aluminium ou en carbone, ils ont détrôné le traditionnel bourdon de bois qui servait à l'époque lointaine de défense contre les chiens et les brigands.

  A mon avis et compte tenu des terrains rencontrés, ils me paraissent totalement superflus sauf dans de très rares cas de chemin inondé et glissant (rencontré une fois en Galice) où ils permettent une bonne stabilité en doublant les points d'appui naturels. Le reste du temps, ils obligent à marcher les bras fléchis alors que, libres, ceux-ci constituent un balancier naturel très efficace (c'est fait pour !). Dans le cas d'un bon marcheur, ils constituent même une véritable gêne bridant l'effort et il faut porter les 1 à 2 kg de poids supplémentaires. En dernier lieu, je ne trouvais rien de plus horripilant que d'être à proximité de pèlerins dont les bâtons ferrés tintaient allègrement sur les pavés ou l'enrobé dans la cacophonie la plus totale.

1 commentaire:

  1. Adepte du traditionnel bourdon, que je trouve plus symbolique et esthétique que les sticks en alu ou en carbone, je me suis demandé lors de sa première utilisation, ce que j'allais faire de cette encombrant bout de bois qui m'emmerdait plus qu'autre chose!
    Il ne m'aura pas fallu 500m pour m'y habituer, et il est devenu au fil des kilomètres, mon Wilson (cfr le film "Seul au monde").
    Compagnon indispensable, à la fois métronome, appui dans les passages difficiles, perche dans d'autres endroits, troisième jambe pour soulager les 2 première, prolongation de mon bras pour écarter les ronces, je ne me vois plus partir sans.
    Fait maison d'une branche de frêne, teinté dans la masse, patiemment protégé par de multiples couches d'huile de lin et d'essence de térébenthine, agrémenté d'une pointe en inox et d'une bague en cuivre à sa base, percé d'un tube de laiton en son sommet pour y passer une sangle, j'en suis fier, de mon bourdon! ;-)

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